Nos poilus morts en 1916 (suite 02)
13/11/2017 20:35 par atouteurre
photo sur céramique PINET Jean Louis monument aux morts de la commune. Photo de Jm LEROUX 29 mars 2007.
Tombe individuelle 1321 de BOST Paul Antonin dans la nécropole nationale de MAUREPAS (80)
photo Jean Michel LEROUX 4 novembre 2009
Classe 1916 prêt de madame ACHARD Monique, scan Jm LEROUX
11 novembre 2016
1916, c’est l’année terrible des combats de Verdun et de la Somme où nos soldats endurent les pires misères mais se battent vaillamment.
BRUCHON Romain Clément né en octobre 1894 à Bozas en Ardèche de Jean Baptiste Romain et de PONCON Marie Germaine. D’abord ajourné pour faiblesse en 1914, il est déclaré apte et part avec la classe 1915. Il rejoint le 111ème Régiment d’Infanterie d’Antibes le 18 décembre 1914 pour y apprendre les rudiments nécessaires à tous militaires. Le soldat BRUCHON Romain passera ensuite au 415ème Régiment d’Infanterie, à sa création en mars 1915, puis il sera affecté au 141ème Régiment d’Infanterie où il trouvera la mort sur le champ de bataille de Haucourt Malancourt dans la Meuse. Porté disparu, il sera déclaré « Mort pour la France » le 22 mars 1916 par jugement du tribunal de Die du 24 mai 1921. En fait, le 141ème Régiment d’infanterie se trouve sur Verdun depuis février 1916. Il tient le mamelon d’Harcourt sur le front Malancourt Bethincourt non loin du Mort Homme avec pour mission « Tenir ».
Le 23 mars le régiment est retiré de la bataille ayant perdu plus de 600 hommes.
MAZARD Paul Léon né à Upie en novembre 1877, de constitution fragile, il est réformé du 75ème Régiment d’infanterie en 1901. En avril 1913 il se marie à Eurre, avec BARACAT Marie. La mobilisation générale le rend apte à 37 ans et il rejoint le 111ème Régiment d’Infanterie de Montélimar dès le 3 août 1914.
Le 20 novembre 14, alors que son épouse donnait naissance à la petite Juliette, Paul se trouvait dans les tranchées d’Avocourt (Meuse).
En mars 1916 il se trouve dans les bois de Malancourt. Les pertes sont sévères et le régiment reçoit sans cesse des renforts. Le 23 mars, son régiment est pratiquement anéanti. Paul survit à cet enfer mais quelques jours plus tard, le 10 avril 1916, il trouve la mort, lors d’un bombardement, sur le champ de bataille de Massiges (marne) dans la tranchée Famin au sein de la 1ère Compagnie.
VALETTE Adrien Léon né en 1891 à La Rochette, orphelin de mère depuis 1900 et de père depuis 1908, il vit chez son tuteur et frère VALETTE Henri dont il est le domestique de ferme à la Mourière commune de Vaunaveys. Incorporé au 17ème Régiment d’Infanterie d’Epinal en octobre 1912, caporal en novembre 1913, au moment de la mobilisation générale, il est nommé sergent. Jusqu’en avril 1915, il sera partout où son régiment le conduira et le 23 avril il passera au 158ème R I sur la frontière des Vosges. Peu de temps après il passera au 24ème RI et sera en Artois sur les collines de SOUCHET et de VIMY. Là il sera affecté au 405ème Régiment d’Infanterie, toujours dans le Pas de Calais jusqu’en mars 1916. Puis se sera VERDUN où il trouvera la mort sur le champ de bataille le 22 juin 1916 en défendant le fort de Souville.
FRANCOIS Louis Séverin né en 1879 à Bouvante. Il accomplit son service militaire au 140ème Régiment d’Infanterie de Grenoble. Agriculteur en 1911, venant de se marier ave une fille Briançon, il s’installe à Eurre au quartier de Brette. 3 enfants naissent au foyer.
A la mobilisation il rejoint le 111ème Régiment d’infanterie territoriale de Montélimar.
Le 20 novembre 1915 il est muté au 202ème Régiment d’Infanterie qui se trouve, alors, en champagne à quelques kms de Reims, dans les abords du village de Prosnes où il subira deux attaques au gaz asphyxiant.
En juillet le 202ème, au sein de la 120ème Brigade, reçoit l’ordre de défendre l’ouvrage de Thiaumont, un fort à quelques kms de Verdun. « Tenir » sera leur plus belle motivation et dans les combats du 3 et 4 juillet, les poilus n’auront de cesse, malgré les pertes cruelles et lourdes, de défendre, coûte que coûte, l’ouvrage de Thiaumont.
Le 4 juillet 1916 FRANCOIS louis donnait sa vie pour la Patrie. Le 9 août l’ordre du jour de la 120ème Brigade citait Louis et lui attribuait la croix de guerre avec étoile de bronze en ces termes :
« a montré les plus belles qualités de bravoure, de sang froid et d’abnégation au cours des 3 et 4 juillet 1916 malgré le bombardement auquel sa section était soumise, n’a cessé d’assurer le service de sa pièce donnant à ses camarades le plus bel exemple d’énergie morale. Est tombé glorieusement au cours des combats du 4 juillet. »
PINET Jean Louis de la classe 1893 est né à Grâne. Il fait son service militaire au 111ème rég territorial d’Infanterie de Montélimar mais il est renvoyé dans ses foyers en 1896 car il est l’ainé d’une Veuve. En effet il a perdu son père en 1874 alors qu’il avait 8 mois. Sa mère s’est remariée avec Frédéric SIBEUD un Eurrois, lui-même décédé en 1896. Cultivateur à Montoison puis dans notre commune dès 1901. Après son mariage à Arlebosc en aout 1902, il s’installe à Eurre quartier des Meaux et le couple aura deux enfants.
La mobilisation le rappelle à Montélimar puis le 7 novembre 1914 il est affecté au 107ème Régiment Territorial d’Annecy.
A sa dissolution en février 1916, il passera au 24ème Régiment d’Infanterie, unité combattante. Là, au sein de la 6ème Compagnie, il participera à la défense du Fort St Michel au N-E de VERDUN. Le 19 juillet 1916 il est inscrit comme tué à l’ennemi sur le journal de marche du régiment sur le témoignage de deux poilus, eux même blessés pendant cette journée.
BOUQUET Henri Alexandre né le 6 novembre 1888 à Eurre fils de Joseph Alexandre et de Rey Marie Sophie, cultivateur. En 1911, il se marie à Allex avec CHAUVIN Marie Célina. A la mobilisation, il rejoint son régiment qui vient de se former à Lyon le 2ème régiment de Dragons. C’est un régiment de cavalerie mais pendant la première guerre mondiale, il combattra à pieds
Henri Alexandre participera à la bataille de la Trouée de Charmes en Lorraine et à la bataille d’Ypres en Belgique. En 1915 ce sera la deuxième bataille de Champagne. Le 27 décembre 1915, le régiment se trouve près de Lunéville et Henri Alexandre est muté au 156ème Régiment d’Infanterie. Il est affecté à la 8ème compagnie. En février et mars 1916, il participe aux combats en Lorraine puis sur Verdun où son régiment accuse des pertes de 1200 hommes sur la Côte du Poivre puis 800 hommes sur la côte 304 en avril. De juin à août le régiment se trouve dans la Somme dans la région de Maurepas, célèbre pour ses grandes étendues boueuses.
Le 2 juillet les sections de la 8ème compagnie sont étalées le long du « Ravin d’Hardecourt » près du « Bois sans Nom ». L’attaque se dirigeait vers Maurepas mais le bombardement intense des allemands et les difficultés du terrain firent de cette journée un désastre avec la perte de 4 officiers et de 35 hommes et faisant 73 blessés. C’est ce jour que BOUQUET Henri Alexandre, 28 ans, perdit la vie sur le champ de bataille d’Hardecourt aux bois petit village de SANTERRE. Quelques mois plus tard, un de ses cousins germains, BOUQUET Edouard Gustave, instituteur de Bouc Bel Air et sergent au 298ème RI, trouva la mort à 25 ans, dans la défense du Fort de Vaux à Verdun.
BOST Paul Antonin agriculteur, fils d’agriculteur, est né le 11 avril 1880 à Vaunaveys,
Peu après 1911, encore célibataire, il s’installe, avec ses parents déjà âgés, sur la commune de Eurre et le 30 mai 1914 il est mentionné sur sa fiche matricule individuelle, domicilié quartier des Siquets.
le 2 août 1914 pour cause de mobilisation générale, il rejoint le 14ème Bataillon de Chasseurs à pieds à Grenoble.
Le 3 au soir, les ordres sont donnés pour l’attaque du 4 septembre 1916, ainsi que les ordres de mise en réserve de SA Brigade de Chasseurs dès le 5 septembre.
La main protectrice qui avait jusque là sauvegardé Paul Antonin, n’était pas au rendez-vous et Paul Antonin sera tué pendant cette attaque du 4 septembre 1916 dans le bourbier de la campagne Picarde à Maurepas en essayant de prendre la « tranchée de l’hôpital ». Il était âgé de 36 ans.
RAPINE Louis Romain né en janvier 1890 à Toulaud en Ardèche. En 1910 il est garçon de café à Romans sur Isère et part faire ses trois années de service militaire à Briançon au sein du 159 Régiment d’Infanterie Alpine. Peu de temps après son retour à la vie civile, c’est la Guerre. Il rejoint son régiment le 159 dès le 4 août et il est nommé caporal le 23 juin 1915.
Le 28 décembre 1915, il est cité à l’ordre du Régiment et reçoit la Croix de Guerre sous les termes suivant :
« Sur le front depuis le début de la campagne, s’est conduit brillamment dans toutes les actions auxquelles le Régiment à pris part et notamment aux attaque du 9 mai et du 25 septembre 1915 »
En mai le régiment se trouvait au sud de Nancy et en septembre dans le Pas de Calais près de Souchez au tristement célèbre « Cabaret rouge ».
Un an après, en ce 4 septembre 1916, l’attaque fut déclenchée à 14 h vers le Boyau Maurice mais à 16 h ne pouvant se maintenir sur les positions acquises du fait des tirs ravageurs des mitrailleuses allemandes, le retour au point de départ était nécessaire. Le commandement ordonna une préparation d’artillerie pour attaquer de nouveau et boucher les brèches devant Barleux. Mais les reconnaissances effectuées montrèrent que l’ennemi avait reçu des renforts en personnel et surtout en mitrailleuses. L’attaque n’aura pas lieu car les pertes du régiment s’élevaient déjà à 21 officiers et 450 hommes dont notre caporal RAPINE Louis Romain.
BELLIER Adrien Auguste né à Crest le 3 mars 1897, vivait avec ses 4 autres frères et sœurs chez ses parents, dans leur ferme du quartier des Meaux. En janvier 1916, il est incorporé au 163ème Régiment d’Infanterie d’Antibes où il va faire ses classes et apprendre la dure vie de soldat
Le 8 novembre il passe au 321ème Régiment d’Infanterie qui se trouve, à cette période, à Douaumont.
Ses destinées l'appellent à insérer des pages de gloire dans l'épopée de Verdun. Fleury-
Douaumont-Bezonvaux marquent les dures et célèbres étapes de son nouveau séjour dans cette région. Douaumont, coin précieux de la terre française devenu un symbole de défaite ou de victoire, Douaumont vaut au régiment une citation à l'Ordre de l'Armée :
Bezonvaux, c'est l'heureuse journée où le régiment, complétant son bel exploit du 24 dernier, enlève de haute lutte tous ses objectifs et ne s'arrête qu'après avoir établi ses nouvelles lignes au delà de Bezonvaux. Pour la deuxième fois, le 321e, en mettant Verdun à l'abri d'un retour offensif, a bien mérité de la Patrie. Une nouvelle citation à l'Armée et la fourragère lui sont accordées
le 16 décembre 1916, les divisions de soutient se rapprochent et commencent leur montée en secondes lignes.
Dés l'aube, les Allemands entament un violent bombardement présageant une attaque. Elle se déclenche dans la journée entre les Chambrettes et le bois des Caurrières. Cependant, malgré leur ténacité, les assaillants ne parviennent pas à passer les lignes françaises. Les Poilus entendent bien conserver les positions qu'ils sont parvenue à reconquérir la veille.
La nuit arrive avec une brusque chute de la température. Les conditions deviennent extrêmes dures et beaucoup d'hommes doivent être évacués pour pieds gelés.
Témoignage de Bastien FEICE, soldat au 4e Zouaves : " C'est à la fin de l'attaque que commença notre véritable calvaire. La neige qui tombait sans arrêt depuis deux jours, s'arrêta pour faire place à un froid des plus rigoureux. Le thermomètre était descendu à - 20°.
Ceux d'entre nous que les obus et les balles avaient épargnés n'étaient plus, à l'aube, des hommes, mais des formes, des silhouettes glacées, boueuses et presque sans vie. Tous, ou presque tous, nous avions les membres gelés, les uns les mains, les autres les pieds, sans compter ceux, nombreux, ayant les deux jambes gelées. Personnellement, j'eus les pieds gelés au premier de gré. Pour atteindre le poste de secours, distant de 1 500 mètres environs, il me fallut près de quatre heures. "
Ce 16 décembre BELLIER Adrien est disparu, au bout d’à peine 1 an de service dans la guerre. Il avait 19 ans et demi, c’est le plus jeune de nos poilus inscrit sur ce monument. Ce n’est qu’en juillet 1921 que le tribunal de Die fixa sa mort au 16 décembre 1916.
Ces 9 enfants d’EURRE disparus en l’année 1916 portent à 23 le nombre des « Mort pour la France » de la commune.
ND de LORETTE - Pas de Calais
Basilique et lanterne de N D de LORETTE
Impressionnant alignement de tombes
Les innombrables tombes alignées sur le plateau de Notre Dame de Lorette dans le Pas de Calais près de LENS. Photo Jean Michel LEROUX, 19 avril 2016.
FERMOND Joseph Louis : photo sur céramique monument aux morts de Eurre. Photo de Jean Michel LEROUX, 29 mars 2007.
11 novembre 2015
Depuis le début des hostilités, il y a déjà 5 mois, les mobilisés, partis la fleur au fusil, ont vite déchantés et, alors que tous espéraient être de retour pour la Noël, ils voient leurs illusions s’évanouir. Au gré des attaques et des contre-attaques, du terrain gagné âprement très vite reperdu, la guerre s’enlise dans une guerre de position, une guerre de tranchées. Eurre pleure déjà 6 de ses enfants et la liste des morts pour la France va s’allongée, après quelques mois de répit, en cette année 1915.
LASSAGNE Auguste Marius n’a pas 20 ans quand ce chasseur de deuxième classe du 114ème Bataillon de Chasseurs Alpins disparait le 22 juillet 1915.
Né à Eurre le 8 décembre 1895, fils d’André Auguste LASSAGNE et de Marie Sophie GABRIEL, il est incorporé le 1er décembre 1914 au 30ème Bataillon de Chasseur de Grenoble. On doit supposer que la jeune recrue a apprit le maniement des armes et les rudiments militaires selon les directives du moment et que cela a duré 3 mois et demi puis il a rejoint sa nouvelle affectation.
Le 15 mars 1915, Auguste LASSAGNE est muté au 114ème Bataillon de Chasseurs à Pieds qui vient d’être formé à Pérouges. S’ensuit un complément de formation, au vue de l’organisation du régiment en cours.
Le 13 avril le 114ème Bataillon de Chasseurs à pieds s’embarque pour Gray et le 8 mai il se trouve au camp de Corcieux (50 kms à l’est d’Epinal).
Le 21 juillet 1915, il reçoit l’ordre d’attaquer le Barrenkopf.
Le Bataillon passe la nuit en deuxième ligne, couché derrière les autres Bataillons d’attaques. A minuit et demi l’ordre d’attaque est donné et à 1 h 30 il gagne sa tranchée de départ. Après 6 h de préparation d’artillerie, la première vague s’élance en avant.
Mais l’ennemi veille. Les 2 compagnies de première ligne, prisent à partie par les tirailleurs embusqués sur leur front et leurs flancs, en butte au feu des mitrailleuses du Klein-Kopf, couvertes d’obus explosifs, malgré de lourdes pertes gagnent rapidement les objectifs assignés.
Les compagnies de 2ème ligne ont suivi et les chasseurs commencent à organiser la position, mais, réduits de moitié, ayant perdu presque tous les officiers et sous-officiers, ils ne peuvent se maintenir qu’aux prix d’efforts surhumains.
Les mitrailleuses ennemies déciment les survivants, retardés par des difficultés de toute nature ; les compagnies de renfort n’ont pu déboucher rapidement des boyaux. D’un élan admirable, elles se précipitent enfin sur les tranchées ennemies mais quelques hommes, seuls, y parviennent. Le reste a été fauché par les mitrailleuses. Le feu de l’artillerie allemande augmente de plus en plus, devient effroyable.
Ayant conquis tous les objectifs assignés et dans l’impossibilité absolue de s’y maintenir, le Bataillon va être obligé, pour éviter l’anéantissement, de se replier sur les positions de départ.
Le chef de Bataillon a été tué, un capitaine a pris le commandement et, manquant de munitions et de grenades, d’eau pour ses blessés et voulant à tout prix les sauver du couteau des allemands, il se résout à rentrer dans les tranchées du départ, n’abandonnant aucun homme à l’ennemi.
13 officiers, 442 sous-officiers et chasseurs ont donné leur vie ou ont versé leur sang. Pour sa première bataille le 114ème Bataillon de Chasseurs à Pieds n’a pas démérité de ses anciens.
LASSAGNE Auguste Marius a été déclaré « disparu » à l’issue de cet engagement ; il ne figure donc pas sur la liste des tombés au champ d’honneur qui complète le livre d’or du Bataillon (1920). Mais, un jugement du tribunal Civil de Die en date du 12 avril 1921, ordonne que la date du décès d’Auguste Marius soit le 22 juillet 1915 et soit portée sur les registre d’état civil de la commune de Eurre et que la mention « mort pour la France » soit également inscrite. Jugement confirmé par le ministère de la guerre le 1er juin 1921.
Sur la même ligne de front et à quelques jours d’intervalle, GASQUET Adrien Emmanuel trouve la mort le 4 aout 1915.
Né à Montoison le 29 janvier 1876, de François Xavier et de BIROUSTE Anne Hortense, ce domestique agricole chez la ferme LASSAGNE en 1896, se marie en 1901 à Eurre avec Clémence SIBEUD et s’installe comme cultivateur au quartier Mangache. Une fille née en 1903 et un fils né en1905 viennent illuminer ce jeune couple.
Adrien avait été ajourné en 1897 et 1898 à cause de sa petite taille (1.52 m) et en 1899 il est versé dans les Services Auxiliaires et sera affecté dans la réserve à la Section d’infirmiers de l’hôpital militaire de Briançon.
La Commission de Réforme de Montélimar du 9 novembre 1914 le rend apte pour le service actif du fait de la mobilisation générale et il rejoint le 111ème Régiment Territorial d’Infanterie, basé à Montélimar, le 15 décembre 1914.
Après sa formation de base, Adrien est affecté au 14me Bataillon de Chasseurs de Grenoble le 6 mars 1915 et rejoint le 54ème Bataillon de Chasseurs Alpins dit « Bataillon d’élite » qui est le bataillon de réserve du 14ème BCA.
Ceux-ci sont dans les Vosges, dans le secteur de la Tête de Faux, col du Bonhomme, mais là, toute grande opération de guerre est impossible à cause du froid rigoureux et de la neige qui tombe en abondance. Dans des conditions ingrates, les chasseurs deviennent des travailleurs acharnés et établissent des tranchées et des abris, ainsi que des défenses accessoires. Chaque nuit, des patrouilles sortent pour éventer les projets ennemis.
Juillet 1915, les durs combats pour conquérir le massif du Linge commencent.
Le sort du 54ème est lié à celui du 14ème Bataillon de Chasseurs et ils attaquent le Linge et le nord du Shratz.
L’offensive prévue le 8 juillet a été reportée au 12 puis au 18 et enfin au 20 juillet. A 14 h, précédé par une préparation d’artillerie, la 129me Division d’Infanterie attaque. Seul quelques éléments parviennent jusqu’au « Collet du Linge », la moitié des effectifs a été tué.
Ces échecs vont transformer la grande offensive prévue sur un front de 12 kms en une série d’attaques sur trois objectifs d’un front réduit à 2 kms :
Le collet du Linge
Les carrières du Schratz
Le Barrenkopf
Le 22 juillet 1915 une nouvelle offensive est entreprise.
LE 14 BCA sort de sa tranchée à 18 h et se rend maître du Collet du Linge au prix de lourdes pertes.
Les terrains conquis n’évoluent pas jusqu’au 1er aout malgré les nombreuses contre-attaques Allemandes et les bombardements intenses.
Le 1er aout 1915 à 19 h 30 l’offensive reprend et à 21 h 30 les tranchées allemandes sont conquises. Le 2 aout toutes tentatives de conquête du fortin au sommet du Schartz échouent.
Le 3 aout de 10 h 30 à 16 h les lignes Françaises sont écrasées par l’artillerie allemande qui provoque de très nombreuses pertes. A 16 H 30 les allemands contre attaquent et reprennent leurs positions du Collet et de la crête du Linge. Les français reprendront le Collet du Linge dans la soirée.
Le 4 aout, jour de la mort de GASQUET Adrien Emmanuel, les canons allemands expédient sur les 3 kms du front, du Linge au Barrenkopf, 40 000 obus.
Les bombardements, les attaques et les contre attaques se poursuivront jusqu’au 8 aout. Aucun des deux adversaires ne parvient à maintenir ses positions.
Son nom figure page 27 du livre d’or du 54ème Bataillon de Chasseurs Alpins.
Il repose parmi ses compagnons d’infortune dans un des deux ossuaires du cimetière du Linge , en Alsace.
Dans « le Crestois » du 25 septembre 1915, un article sous le titre « Mort pour la Patrie »
« Le 14 septembre un service solennel a été célébré pour notre regretté ami Adrien GASQUET, tombé au champ d’honneur le 4 aout 1915, frappé par un éclat d’obus.
Des drapeaux tricolores ornaient le chœur et le bas de l’église et, à la place occupée habituellement par le défunt, l’emblème national garni de crêpe signalait son absence.
On se souviendra que c’est grâce à son dévouement qu’un prêtre fut accordé, il y a 8 ans, à la paroisse de Eurre qui en resta privé pendant plus d’un an.
A l’église, Adrien faisait parti de la chorale et bien que peu fortuné, il se faisait un devoir d’aider les plus nécessiteux.
Deux jours avant sa mort, monsieur le curé recevait la dernière lettre du défunt lui disant qu’il était prêt à toute épreuve et lui recommandant sa famille et ses enfants. »
Camille son fils continuera l’exploitation familiale.
Un mois plus tard, le sergent ANDRE Paul Louis, trouva une mort héroïque sur le champ de bataille de La Harazée en Argonne entre Sainte Menehould et Varennes.
Cet eurrois de souche avait repris le commerce familiale de cafetier épicerie dans la Grand’rue.
De la classe 1900, il avait effectué son service militaire pendant 3 ans et, comme caporal avait rejoint ses foyers avec le certificat de bonne conduite en septembre 1904.
Le 19 janvier 1907, il se marie avec une grânoise Eugénie Emma Ernestine GIRARD dont il aura un fils Louis Noël né fin 1907 puis une fille Renée Paule née en 1912.
Dans la réserve, il devient sergent le 19 janvier 1911.
Mobilisé en août 1914, il rejoint son corps le 12 du même mois. Le 140ème Régiment d’Infanterie est en garnison à Grenoble Côte Saint-André. La guerre va le porter d’abord dans les Vosges avec ses durs combats, puis en Lorraine et enfin dans la Somme où de septembre 1914 au 2 février 1915 Paul Louis va connaitre les mêmes difficultés que ses concitoyens PERMINGEAT, FAURE, BUFFIERE et MISERY cités l’année dernière.
Le 3 février il est muté au 17ème Régiment d’Infanterie, en Artois, dans la région de Souchez à Neuville St Vaast près d’Arras, le secteur de la crête de Vimy et de ND de Lorette si durement éprouvé.
Le 22 mars 1915 le caporal chef ANDRE Paul est de nouveau muté. Il passe au 7ème Régiment d’Infanterie et il sera nommé sergent le lendemain.
Le 23 mars, le 7ème R.I. qui se trouvait dans le secteur de Mesnil les Hurlus en champagne, est relevé définitivement et envoyé au repos à Bussy le Château en attendant une nouvelle destination.
Après un mois passé à l’arrière des cantonnements au sud de Verdun, puis dans la Somme, le régiment est désigné pour prendre part à l’offensive d’Artois.
Le 30 avril il cantonne dans les faubourgs d’Arras et le lendemain il monte en première ligne dans le secteur de Roclincourt.
Les attaques successives sur un glacis de 300 m se soldent par de lourdes pertes causées par les mitrailleuses allemandes.
Le 22 mai le 7ème R.I. est relevé et reçoit un renfort de 450 hommes. Puis jusqu’au 3 juillet, il restera dans les faubourgs d’Arras, sans activité de combat.
Au repos à 40 kms en arrière du front, dans la région d’Amiens, le 30 juillet, il est transporté par voie ferrées en Argonne.
« L’Argonne ! Il pleut, les boyaux et les tranchées sont transformées en ruisseaux de boue dans lesquels on s’enfonce jusqu’à la cheville et même souvent davantage. Nos abris sont de véritable aquarium avec 40 à 50 cm d’eau.
Les moyens utilisés sont la mine, la torpille, le couteau, les liquides enflammés et les gaz asphyxiants. On est sur ni de la solidité du sol ni de la pureté de l’air que l’on respire. L’esprit est tendu à craquer.
Il faut être doué d’un courage extraordinaire pour tenir dans ces conditions. » Peut-on lire dans les pages du carnet de marche du 7ème R.I.
Le 12 août la bataille reprend dans des conditions apocalyptiques. Les pertes sont importantes mais le régiment n’a pas cédé un pouce de terrain.
Les 14 et 15 août, reprise des combats dans les mêmes conditions. Chaque fois les attaques sont arrêtées et les cadavres Allemands servent de parapet à nos tranchées.
Deux jours de repos puis c’est l’alternance d’occupation de la ligne avec le 14ème R.I.
Le 8 septembre 1915 : Alerte ! L’ennemi attaque et force le 14ème R.I. qui subit de lourdes pertes et abandonne le terrain.
Le 3ème Bataillon du 7ème R.I. arrive le premier sur les lieux, contre-attaque et parvient à refouler l’assaillant sur une certaine profondeur. Les 2 autres Bataillons sont engagés peu après et rétablissent en partie la ligne de front par une charge à la baïonnette.
Ce fut la dernière offensive ennemi en Argonne.
C’est dans ces dernières contre attaques que le sergent ANDRE Paul Louis, âgé de 35 ans, trouve une mort héroïque à la tête de son groupe qui lui valut la citation posthume suivante :
Citation à l’ordre du régiment du 29 juillet 1919 et l’attribution à titre posthume de la médaille militaire du 4 août 1919
« Très bon sous-officier, a trouvé une mort glorieuse en s’élançant à la contre attaque le 8 septembre 1915 au secteur de la Harazée en Argonne ».
Dans une liasse de coupures de journaux de l’époque que m’a transmis monsieur Roger BENISTANT que je remercie encore, sous le titre « Obsèques d’un brave à Eurre » on y apprend que le corps ramené du front du Sergent ANDRE Paul, croix de guerre, médaille militaire, est inhumé dans le caveau familial du cimetière communal, le dimanche 9 avril 1922.
Son épouse et ses enfants ont continué d’exercer dans la Grand’rue et se sont tourné vers l’hôtellerie. Ils ont pris une part importante dans les différentes actions entreprises par les anciens combattants et la municipalité pour l’édification du présent monument aux morts.
MOURIER Ernest Pierre, cultivateur dans notre commune est né le 14 octobre 1893 de Louis Ernest et de Julie TERRAS. De la classe 1913, il est incorporé le 15 décembre 1914 au 157ème Régiment d’infanterie de Gap où les rudiments militaires lui sont inculqués. Le 30 mai il rejoint le 158ème Régiment d’Infanterie qui se trouve à Bruyères, Fraize, Corcieux, au pied des Vosges, mais le 8 juin il fait partie des 150 hommes envoyés en renfort au 149ème Régiment d’Infanterie d’Epinal qui est actuellement dans le Pas de Calais et plus précisément entre Lens et Arras.
Le secteur est, en ce moment, calme et le travail se fait très actif pour le perfectionnement des tranchées et des abris.
Les exercices d’entraînements au lancer de grenades se succèdent et la musique du régiment joue même sur la place de Sains en Gohelles le 13 juin soir.
Le 15, le 149ème quitte la fosse 10 à minuit. Ce sera des combats jusqu’au 22 où il comptera beaucoup de pertes puis jusqu’au 26 où viendra s’ajouter 53 tués 353 blessés et 56 disparus.
Du 27au 30 juin le temps sera pris pour la propreté, les revues, ainsi qu’un défilé.
L’alternance de combats et de repos se poursuivra jusqu’au 23 septembre 1915 et toujours dans le même secteur entre Lens et Arras, le long de la cote de Aix-Noulette, ND de Lorette et Vimy.
Au sein de la 85ème Brigade et de la 43ème Division d’Infanterie, le 149ème Régiment d’Infanterie va prendre part à la troisième bataille d’Artois. L’offensive du 25 septembre va durer 5 longues journées sous la pluie. Les journaux de marches et d’opérations couvrant cette période font défaut, mais MOURIER Ernest Pierre est porté disparu depuis ce jour et c’est le tribunal de Die qui doit statuer, en sa séance du 12 avril 1921 pour confirmer qu’il est bien « mort pour la France » le 25 septembre 1915 à Aix-Noulette, sur les flancs de la colline de ND de Lorette.
FERMOND Joseph Louis est né le 24 septembre 1889 à Combovin, d’Antoine et d’Emilie LANTHEAUME.
Alors qu’il est employé comme garçon meunier chez MAGNON à Eurre, Il est incorporé au 3ème Régiment de Zouaves de Sathonay, près de Lyon, le 1er octobre 1910, pour accomplir ses trois années de service militaire.
A peine revenu dans ses foyers, la mobilisation générale l’oblige à quitter son emploi de domestique de ferme à Chabrillan et à rejoindre son régiment pour le 4 août 1914. Les Bataillons qui se trouvaient au Maroc et en Algérie ont rejoint Sathonay pour la même date et voici le 3ème Régiment de Zouaves en route pour la Belgique.
Les 23 et 24 août, il supporte sans broncher le choc des meilleures troupes de la garde allemande. Mais c’est déjà la retraite de Charleroi et le 3ème Zouaves ne quitte le terrain qu’à la dernière extrémité, après avoir perdu 17 officiers et 836 zouaves tués, blessés ou disparus.
Puis ce fut la bataille de la Marne et du Soissonnais. Tout allait pour le mieux dans sa marche en avant quand, le 19 septembre, vers Tracy le Val, les Allemands tentent de surprendre le Régiment. Après un combat opiniâtre, l’attaque est repoussée. Au petit matin, le 3ème Zouaves ramène le drapeau du 85ème régiment d’infanterie Allemande. Ce qui vaut au régiment une citation à l’ordre de l’Armée.
Commence alors la pénible et non sans péril guerre des tranchées où l’ennemi n’est qu’à quelques mètres.
Le 6 juin 1915 c’est l’attaque de Quennevières (près de Compiègne dans l’Oise). Après une préparation d’artillerie intense, les Zouaves s’élancent à la baïonnette, franchissent les tranchées allemandes et dépassent l’objectif assigné. Ce qui vaut au bataillon une nouvelle citation à l’ordre de l’Armée.
Malgré les bombardements continuels, les pertes quotidiennes et la dysenterie, le régiment maintient sa conquête jusqu'à sa relève.
Le 10 août le régiment est réuni en champagne dans la région de St Hilaire au Temple.
Le 25 septembre 1915, après une préparation d’artillerie de 72 h, le 3ème Zouaves, en première ligne, s’élance en avant. Très vite les mitrailleuses allemandes font un carnage dans les soldats qui avancent tel un rouleau compresseur. Le chef de corps, la garde au drapeau et de nombreux officiers sont tués. Un cri retenti « le drapeau en avant » et d’un seul élan le drapeau est relevé et entraine les hommes vers l’ennemi. Vingt fois le porte drapeau est abattu, vingt fois une main le redresse. Une force irrésistible pousse ces hommes au dernier sacrifice. Bientôt tous les zouaves sont tués ou blessés. Le drapeau est tombé et l’ennemi peut s’en emparer. Mais un simple tirailleur s’en saisi et le porte au Général commandant la Brigade qui arrive à la rescousse.
En fin de journée les points acquis étaient tenus. Il ne restait plus sur les rangs du 3ème Zouaves que 7 officiers et 350 combattants valides.
C’est au cours des combats de cette journée qui valut au régiment une nouvelle citation à l’ordre de la IV Armée, que FERMOND Joseph Louis disparu en même temps que les 40 officiers et les 1800 hommes qui trouvèrent une mort héroïque ce jour là.
Sa disparition est constatée le 28 septembre.
Dans le jugement du tribunal de Die du 29 mai 1918, retranscrit par le maire de Chabrillan sur le registre d’état civil le 15 juin 1918 il est fait cette remarque : d’après la plaque d’identité et les effets dont il était porteur ; vue que le corps (3ème Zouaves) n’a reçu aucune nouvelle et qu’il ne figure sur aucune liste de prisonniers en Allemagne ; que les objets lui ayant appartenus ont été remis à la famille qui n’a soulevé aucune objection de manière à faire naître quelques doutes sur l’identité de leur détenteur et que l’ensemble de ces faits établit de façon certaine la réalité du décès, déclare FERMOND Joseph Louis « Mort pour la France » le 25 septembre 1915.
Son corps repose dans la tombe individuelle n° 567 du cimetière Nationale de Jonchery sur Suippe, en champagne. Son nom est également gravé sur le monument aux morts de Chabrillan.
Deux jours plus tard et à quelques dizaines de kilomètres de là, BRAVAIS Edouard Alfred, âgé de 37 ans, était porté disparu, dans les assauts à Sommepy-Tahure en champagne.
Cet ardéchois, né à St Romain de Lerps le 11 juin 1878, s’était marié avec une Eurroise, Marie Madeleine Flavie LAGIER, le 11 octobre 1902. Cordonnier de métier il figure sur le recensement de 1906 de la commune de Mauves en Ardèche puis le couple vient habiter en 1910 le quartier Maupas, à la ferme BRIANCON, ex ferme LAGIER, où Flavie aura un emploi de domestique.
A la mobilisation, le soldat BRAVAIS rejoindra le 52ème Régiment d’Infanterie de Montélimar.
Le 28 août 1914, il fera partie certainement, des 200 hommes de renfort arrivant du dépôt (Montélimar) pour remplacer les pertes déjà subit depuis les premiers affrontements au Col du Bonhomme du 13 août dernier.
Les combats dans les Vosges sont meurtriers et c’est 800 hommes de renfort qui sont nécessaires pour reconstituer le 3ème Bataillon du Régiment le 21 septembre à St Just en Chaussée.
Le 24 septembre 1914 le régiment est transporté dans la Somme, dans la région de Rosières en Santerre.
Pendant 11 mois il va vivre dans la boue des champs du SANTERRE entre Naucourt, Lihons et Chaulnes, au rythme des attaques, des contre-attaques, des bombardements et de la pluie battante omni présente tout au long des saisons.
Le 12 août 1915, le régiment débarque dans la Marne à St HILAIRE LE GRAND.
Quelques semaines plus tard c’est l’offensive du 25 septembre.
« Le régiment occupe un front de 180 m avec 2 Bataillons en première ligne. Alors que la préparation d’artillerie dure depuis 3 jours, à 9 h 15 sur toute la ligne, les clairons sonnent la charge, la musique du régiment qui se trouve en arrière, joue « la Marseillaise » et le régiment, d’un seul bloc débouche en trombe, drapeau déployé, dans les lignes ennemis. »
Lit- on dans le journal de marche du 52ème RI.
Les premières lignes allemandes, absolument bouleversées par nos bombardements sont franchis sans encombre. La deuxième ligne est également conquise mais arrivé à la tranchée de la Butte de Souain, les fantassins allemands, avec leurs mitrailleuses, fusillent nos hommes.
Le régiment reçoit l’ordre d’arrêter et de tenir les terrains conquis. Alors que celui-ci a avancé de 4 kms en moins de 2 heures, le bilan est très lourd avec 4 Officiers tués, 15 Off blessés ou disparus
« En ce qui concerne la troupe (S/OFF et H DR) étant donné le mélange des diverses unités, il est impossible d’établir l’état exact des pertes »
Le 26 l’attaque reprend mais l’ennemi s’est ressaisi. Malgré les assauts successifs, vers le milieu de la journée la progression est stoppée car les réseaux de fil de fer barbelé sont intacts. Le corps a encore 7 Officiers blessés.
Le 27, avec les unités mélangées sur le front de la Division, il est formé plusieurs groupements.
L’heure de l’attaque est fixée à 14 h mais il est rendu-compte que les fils de fer ennemis sont encore intacts. L’attaque est repoussée à 16 h, espérant que l’artillerie fera le nécessaire. Un violent tir d’artillerie ennemi gène le départ du 1er Bataillon et nous fait subir d’énorme pertes et oblige les 3 Bataillons à s’arrêter à hauteur des fils de fer de défense qui sont toujours intacts et à faire marche arrière. A 17 h 30 un obus tombe sur le PC du Colonel. Le bilan de ces 3 journées de combat est de 85 tués, 569 blessés et 203 disparus.
C’est dans cette action d’attaque manquée que le soldat BRAVAIS Edouard Alfred trouve la mort et sera compté disparu jusqu’au jugement du tribunal de Die du 4 janvier 1921 qui le déclare « Mort pour la France » le 27 septembre 1915 à Tahures.
Sa dépouille repose dans le caveau familial du cimetière de notre commune. En état d’abandon, celui-ci a été récupéré pour servir de « Carré militaire » avec l’aide du Souvenir Français.
CHARRIER Louis François est né le 19 mars 1890 à Eurre au quartier des Calendres où ses parents François Etienne et Marie Philomène CHAZEL tiennent une ferme. En 1906 ils résident à Passerouet. En octobre 1911 il part à Sathonay près de Lyon pour accomplir son service militaire au 4ème régiment de Zouaves et il sert au Maroc de fin 1912 à sa libération en novembre 1913.
Au moment de la mobilisation, il est garçon bouché à Montélimar et il rejoint son corps dès le 3 août 1914. Affecté au 1er Régiment mixte de Zouaves, il va participer aux opérations de cette unité d’élite.
Tout comme son « pays » FERMOND Joseph, il va connaitre la campagne de Belgique, celles de l’Artois, de la Lorraine et de la Champagne.
En Belgique, jusqu’au 6 juin 1915, le 1er mixte va d’abord à la rencontre de ses adversaires puis s’installe dans la guerre de tranchées. Par ses assauts courageux, bien souvent en charge à la baïonnette, il gagne du terrain à l’ennemi et le garde, malgré des pertes sensibles. Il remplit les missions qui lui sont confiées et les combats du 15 et 16 mai 1915 lui font obtenir une première citation.
Envoyé en Artois, sur le village de Neuville St Vaast, près d’Arras, soumis à des bombardements intenses, il se distingue le 17 puis les 21 et 23 juin, se couvrant de gloire en repoussant l’ennemi qui sans cesse attaque nos lignes.
Le 16 juillet le Régiment quitte l’Artois et est transporté en Lorraine. Commence alors un temps de repos et la reprise de l’instruction militaire.
Le 24 août, le Président de la République Monsieur POINCARE, en présence du roi des belges Albert 1er (le Roi soldat), remet au 1er Régiment Mixte de Zouaves et Tirailleurs son drapeau décoré de la Croix de Guerre.
Le 14 septembre 1915, le 1er Mixte est transporté dans la région de Valmy afin de prendre part à la grande attaque de Champagne.
Le 26 septembre il reçoit l’ordre d’attaquer les tranchées dans la direction de RIPONT.
Le 6 octobre, l’attaque à lieu à 5 h 20. Quatre vagues d’assaut se portent en avant dans un élan magnifique. Un quart d’heure après les deux premières vagues occupèrent déjà la 2ème tranchée allemande. La position acquise est aussitôt organisée.
Mais , malgré des prodiges de valeur, devant des contre-attaques furieuses de l’ennemi, le régiment est obligé d’évacuer.
Il faut ajouter, aussi, que ce jour là, le tir mal réglé de notre artillerie de campagne décima nos propres troupes.
Ce 6 octobre 1915, CHARRIER Louis François fut porté disparu et c’est le jugement du tribunal de Montélimar en date du 9 février 1921 qui le déclara « mort pour la France » à Maison-Champagne ce 6 octobre 1915.
JUGE Ernest trouva la mort dans le Pas de Calais dans les collines de Souchet, sur le plateau tristement célèbre de Notre Dame de Lorette, le 16 novembre 1915.
Ernest est né au quartier des Calendres le 5 juin 1880, fils d’André et de Philomène ESCOFFIER cultivateur sur la commune.
En 1901, il part à Grenoble pour accomplir son temps de service militaire au sein du 140ème Régiment d’infanterie. Caporal en 1903, il va servir dans la réserve au 52ème Régiment d’infanterie de Montélimar.
De 1903 à 1914, il reprend l’exploitation agricole familiale située au quartier Maupas. Le lendemain de la mobilisation, il est à Montélimar dans son régiment le 52ème.
Jusqu’au 30 mars 1915, il va vivre le même calvaire que son ami BRAVAIS dans les Vosges puis dans la Somme, avec ses pluies, ses boues, ses bombardements, ses attaques et contre-attaques, la perte de ses camarades qui disparaissent régulièrement sur le champs de bataille.
Le 3 mars 1915, le caporal JUGE remet volontairement ses galons et redevient 2ème classe.
Le 31 mars il rejoint le 414ème Régiment d’infanterie qui vient d’être créer, avec ses 3 Bataillons et ses 12 compagnies. Les éléments venant du 52ème forme la 1ère compagnie du 414ème Régiment d’infanterie.
Des combats de la Somme, le régiment part dans la Marne puis, le 22 septembre il embarque à Auxi le Château pour l’Artois à Camblain l’Abbée. De là, les soldats sont vite dirigés vers les lignes de front dont le but est de conquérir le plateau de Lorette près de Souchez.
Cantonné à Grand Servins, un petit village qui leur sert de base de repos, les poilus ont vite reprit l’ambiance rude et tendue de ce secteur de combat. En effet, il n’est pas un jour sans ses pluies, ses boues, ses bombardements et ses morts.
Le 13 octobre 1915, le régiment reçoit un renfort de 150 hommes.
Le 21 octobre, le 1er Bataillon se trouve dans le secteur nord, vers la Carrière, et subit une contre attaque allemande. Le combat acharné se fait à la grenade, sous un bombardement d’une violence inouïe. La situation est identique le lendemain et le 23 octobre le bataillon repousse 3 attaques.
Le 13 novembre le 1er Bataillon relève, dans la soirée le 3ème qui rentre à Grand Servins et le 16 novembre, la 4ème compagnie du 1er Bataillon se trouve dans le secteur de la Carrière.
JUGE Ernest figure parmi les 8 tués de la journée, tué à l’ennemi, comme il est stipulé sur sa fiche du site mémoire des hommes. Sa mort sur le champ de bataille a été certifiée par le Lieutenant CAVILLON Ernest et par le caporal LUSSIGNOL Marcel de la 4ème Compagnie. La transcription sera effectuée par monsieur le maire FAURE Jean Louis, le 22 juin 1916.
Il est le 14ème enfant de notre commune à avoir donné sa vie pour la Patrie, il y a tout juste 100 ans.
Tombe individuelle 3715 de MISERY Léon François au cimetière national de LIHONS dans la Somme photo de Jean Michel LEROUX , 4 novembre 2009.
Classes 1912 1913 prêt de madame GENCEL Yvette scan Jm LEROUX
11 novembre 2014
Il y a cent ans, les évènements politiques du monde occidental, amenait la France à déclarer la guerre à l’empire austro germanique. En ce 2 août 1914, le glas a sonné dans toutes les communes de France.
Les mobilisés laissèrent le blé pas encore moissonné, les champs pas encore travaillé, les foins pas encore engrangés . . . pour rejoindre leur régiment d’affectation.
Un mois après, le 6 septembre 1914, tombait le premier enfant de notre commune : Le Chasseur de deuxième classe VALETTE Charles Adrien.
Fils de VALETTE Emile Joseph et de JEUNE Marie Louise, il est né à La Rochette le 28 janvier 1892 et il était domestique chez un maquignon à St Gilles du Gard. Ses parents étaient métayers à la ferme du « Courrier ». De la classe 1913, il accomplissait sa deuxième année de service militaire au moment de la mobilisation générale. Le 28ème Bataillon de Chasseurs à Pieds de Grenoble était en manœuvres dans le Briançonnais ce 2 août 1914. Dès le 9 août, il se trouve dans les Vosges et ses combats ne sont que succès. Le 5 septembre, alors qu’il est arrêté aux portes d’Orbey, par d’importantes réserves allemandes, l’ordre de repli l’envoi pour défendre une ligne qui va du Lac Blanc au col du Bonhomme.
Le 6 septembre 1914, les 3ème et 4ème compagnies exécutent une brillante charge à la baïonnette vers le col des Journaux et contribuent pour une large part aux succès de la 82 Brigade, dégageant ainsi Fraize et Plainfaing et rejetant l’ennemi sur la crête frontière en direction de Sainte Marie aux Mines. Au cours de cette action, VALETTE Charles Adrien tombait sur le champ d’honneur. Il avait 22 ans.
Trois semaines plus tard, c’est dans la Somme, à Chaulnes, le 26 septembre, que ce fut le tour de PERMINGEAT Auguste Toussaint, âgé de 32 ans, marié avec Marie Hortense JULLIEN et père d’une petite fille Augusta, née en 1912. Il était le fils, né le 1er janvier 1882 à Vaunaveys, d’Etienne et de Pauline Marie PAUL.
Le lendemain, 27 septembre, FAURE Henri Charles, 32 ans, fils de Charles et d’Aline BREYNAT, trouvait également la mort sur le même champ de bataille de Chaulnes. Ces deux « classars » étaient dans le même régiment d’Infanterie, le 52ème. .
Le 52ème Régiment d’Infanterie quitte sa garnison de Montélimar et, du 8 août au 19 septembre il se trouve dans les Vosges. Après d’âpres combats, le régiment passe la rivière Meurthe le 12 septembre.
Le 19, il s’embarque pour rejoindre la Somme dans la région de Rosières en Santerre, entre Amiens et Péronne.
Le 25 septembre, le village de Chaulnes est prit par l’ennemi. Dans les combats, pour essayer de le reprendre, des 26 et 27 septembre, le régiment perdra 12 officiers et la moitié de son effectif, dont les soldats PERMINGEAT et FAURE. Leurs disparitions et décès sur les champs de bataille ne sera effectives que deux ans plus tard, par jugement du tribunal civil.
Une semaine de répit et le 4 octobre, BUFFIERE Ferdinand Auguste Antoine tombait à l’âge de 33 ans. Son régiment, le 75ème RI de Romans, combattait alors sur une commune proche de Chaulnes, du nom de Lihons. Un secours de 150 francs sera accordé à sa veuve le 25 janvier 1915 et LA Croix de guerre avec étoile de bronze ainsi que la médaille militaire lui ont été attribuées à titre posthume.
Quatre jours après, le 8 octobre, le sergent MISERY Léon, 24 ans, était également tué. Fils de Jean Pierre et de Marie Joséphine DROGUE, ce Sous-officier de la 4ème compagnie du 14ème Bataillon de Chasseurs à pieds, trouve une mort glorieuse dans les terrains argileux, transformés en mer de boue, de Maucourt. Son corps repose dans le cimetière National de Lihons, à l’emplacement 3715. Le 27 septembre 1915, il a été cité à l’ordre du bataillon pour sa conduite exemplaire lors des combats du 8 octobre 1914.
Le 12 décembre 1914, le caporal BRIANCON Frédéric Antoine, 37 ans, trouvait aussi la mort sur le champ de bataille, en montant à l’assaut des tranchées allemandes, à St Baussant, en Meurthe et Moselle.
Fils de Frédéric et de Emilie DAVIN et époux de Angèle ASTIER il rejoint à montélimar le 252ème Régiment d’Infanterie, qui est le régiment de réserve du 52ème RI.
Le 252ème est envoyé le 21 août vers Nancy et il a son premier tué le 7 septembre. Les difficultés du terrain et les nombreuses embuscades empêchent le régiment d’atteindre son objectif, néanmoins, il tient ses positions qu’il organise sous le bombardement ennemi.
Le 25 septembre, le régiment reçoit l’ordre de se déplacer. Après une marche forcée de 70 kms effectuée en une nuit et une journée et malgré son extrême fatigue, il prend part à l’offensive sur la trouée de la Woëvre.
L’attaque se reproduira le 1er puis le 4 octobre. Dans la journée les tranchées sont organisées et la nuit sert à pousser des reconnaissances vers l’ennemi. Pendant les mois d’octobre et de novembre l’activité du régiment se manifeste par l’accentuation continue de la progression vers les tranchées allemandes. Le travail est bientôt rendu pénible par la pluie et le froid.
Le 12 décembre 1914, le 252ème Régiment d’Infanterie prend part à l’attaque effectuée par la 64ème Division. L’objectif est la prise des tranchées allemandes établies sur le plateau nord du bois de Remières. Mais cette attaque, contrariée par une pluie diluvienne et par la boue qui rend les fusils inutilisables, échoue avec de lourdes pertes. C’est là que tombe le caporal BRIANCON Frédéric.
Après 5 mois de guerre, il était le sixième enfant de EURRE, Mort pour la France.
6 Eurrois parmi les 31 sur 1 500 000 Français morts que fera cette grande guerre.